Max Frisch

Suisse de langue allemande, Max Frisch, journaliste et architecte avant d’être écrivain, est mort en 1991 ; il avait 80 ans. Un auteur très proche de nous, souvent associé à son compatriote et cadet de dix ans, Dürrenmatt, et comme lui, une figure majeure du théâtre helvétique. Il a vécu à Rome, dans le Tessin, à Berlin, New-York et Zürich, lieux souvent liés à des femmes qui ne sont pas sans point commun avec celles de son Barbe-Bleue...

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Max Frisch

De Frisch dramaturge, on connaît surtout Monsieur Bonhomme (Biedermann) et les Incendiaires, créé en France en 1958 dans le cadre du Théâtre des Nations, régulièrement remontée dans les années suivantes, en particulier par Jean-Marie Serreau en 1960 dont cela a été un des grands succès. Après de longues années d’interruption, on a pu en voir deux mises en scène la saison dernière. On peut citer aussi Andorra, une pièce sur l’antisémitisme créée en France par Gabriel Garran en 1965, Don Juan ou l’amour de la Géométrie, Le Comte Öderland et Triptyque, la dernière pièce écrite par Frisch, mise en scène par Roger Blin en 1983. Moins connue, la création à Zürich, en allemand puis en français de Jonas et son vétéran, palabres, version scénique de Une Suisse sans armée ? un texte engagé que Frisch avait décidé d’écrire ¬–alors qu’il avait, à soixante-quinze ans, renoncé à l’écriture– et mis en scène par Beno Besson en 1989. Fin 1999, l’auteur nous a été remis en mémoire grâce à Biographie, un jeu mis en scène dans la version à cinq personnages par Frédéric Bélier-Garcia et dont la thématique, proche de celle de Barbe-Bleue, renvoie à l’idée que la vie est fortuite, qu’il "aurait pu en être autrement". La dimension autobiographique dans les textes de Frisch est une évidence, mais elle se fait sous une forme "distanciée" (faut-il y voir l’influence de Brecht ?). "J’ai parfois l’impression que l’on émerge de l’écrit comme un serpent de sa peau. C’est ça ; on ne peut pas se mettre par écrit, on ne peut que muer..." Frisch est un moraliste ; il se soucie des intentions, des arrière-pensées, de la bonne foi de ses personnages autant que de leurs données psychologiques. C’est un poseur de questions ; les réponses ne l’intéressent guère. A l’heure où il fait bon donner des leçons, c’est une attitude plutôt plaisante. Parmi les romans les plus connus de Max Frisch : Homo Faber, (adapté au cinéma par Volker Schlöndorff, avec Sam Shepard), J’adore ce qui me brûle, Je ne suis pas Stiller...